• Solstice d'été (autour du 21 juin)

    "Le symbolisme des solstices a une particularité paradoxale, car ils ne coïncident pas avec les saisons correspondantes. En effet, le solstice d’hiver qui marque le moment le plus faible de la course cyclique du soleil, est aussi celui qui marque le retour des jours qui se rallongent et des forces solaires qui renaissent. Le solstice d’été quant-à lui désigne le moment le plus fort de la course cyclique, alors qu’à partir de ce moment les jours diminuent et les forces solaires s’affaiblissent. Le point le plus haut ouvre ainsi la phase descendante. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les solstices sont appelés les portes de l’année, et que dans la tradition païenne de Rome les solstices étaient intimement liés au Dieu Janus, le Dieu des portes. Ce Dieu est bicéphale, dont une tête regarde vers l’arrière et l’autre vers l’avant, marquant par-là la transition cyclique des solstices.

    Ce symbolisme paradoxal des solstices se retrouve également dans la tradition hindoue, tradition en partie héritière des Indo-Aryen. La transition du solstice hivernal se nomme chez eux devayâna (la voie des Dieux) et la transition du solstice estival se nomme pitriyâna (la voie des ancêtres). Dans ce cas la porte des Dieux (hiver) désigne la phase ascendante et céleste, alors que la porte des ancêtres (été) ouvre la phase descendante et chtonienne.

    Dans les rites qui entourent le solstice d’été, nous retrouverons donc toujours les éléments symboliques qui lient les deux notions de cette porte cyclique: la victoire des forces solaires et la descente vers le monde souterrain de ces mêmes forces célestes.

    L’élément incontournable des rites du solstice d’été est le bûcher. Ce sont les hommes du clan qui se chargent de dresser un grand bûcher pour le feu solsticial. Le feu et son symbolisme sont une célébration et un véritable hymne sacré aux forces solaires. Le feu, lorsqu’il monte vers les cieux, représente la victoire solaire, et, les flammes du bûcher qui diminuent symbolisent la phase descendante, le retour vers la terre. Le choix du bois pour le solstice d’été est lui aussi important et diffère selon les traditions païennes. Au milieu du bûcher, on place en général un mât représentant l’axis mundi, l’arbre cosmique, et, au sommet de cet axe, on place un symbole solaire (swastika ou roue solaire par exemple). Le symbole solaire qui brûle durant la cérémonie ne symbolise pas sa destruction, mais sa fusion avec les forces ouraniennes, une expression de l’harmonie absolue avec les puissances célestes. Le solstice d’été est une fête de la joie et de l’exubérance, élément qui se traduit par des danses et de la boisson qui coule à flots. Il est coutume de danser autour du feu en formant de grandes rondes, rondes qui évidemment sont un symbole du soleil et de sa course cyclique annuelle. Alors que le solstice d’hiver est une fête familiale et de recueillement, celle du solstice d’été est communautaire et allègre. Le clan et tous les amis se réunissent dans la joie et la bonne humeur, ingrédients caractéristiques du solstice d’été. Dans certaines traditions, il est également habituel que les participants s’approchent du bûcher en formant quatre colonnes selon les 4 points cardinaux. En tête de chaque colonne se trouve un porteur de la flamme sacrée, et avec leur torche ils allument le bûcher à tour de rôle. À ce moment, chaque porteur de torche peut prononcer une phrase rituelle comme suit: “Je viens du Sud et j’apporte la victoire – Je viens de l’Ouest et j’apporte le souvenir des ancêtres – Je viens du Nord et j’apporte la renaissance – Je viens de l’Est et j’apporte l’abondance”. Ces phrases sont bien-sûr adaptables à souhait du moment que l’on respecte le symbolisme des points cardinaux et de leur place dans la course solaire cyclique. 

    Dans de nombreuses traditions, au crépuscule du solstice ou bien à l’aube du solstice, ont lieu des rituels liés à l’élément symbolique “eau”. Ce sont les femmes du clan qui se chargent de cet aspect du rituel solsticial. Après avoir fait une offrande à la Terre-Mère ou à une autre Déesse représentant une des facettes de la Terre-Mère, les femmes se baignaient rituellement dans un cours d’eau pour invoquer les forces de purification. On offrait parfois une petite flamme que l’on déposait sur l’eau pour que le courant l’emporte, ce qui figurait la purification par le feu et par l’eau, ainsi que l’union des forces ouraniennes (le feu) et des forces chtoniennes (l’eau). Les femmes vont ensuite cueillir des fleurs et différents végétaux sacrés pour faire des couronnes avec lesquelles les participants se coiffent ou alors décorent les maisons et le lieu de la fête solsticiale. Ces couronnes sont elles aussi une image du soleil (le cercle) et de son union avec les forces vives de la terre (les fleurs). Cet aspect du solstice d’été se retrouve dans les sauts que les couples font au-dessus des flammes du bûcher afin non seulement d’être purifiés et consacrés par les forces solaires et ouraniennes, mais aussi de favoriser la fécondité avec l’aide symbolique de l’union du Ciel-Père et de la Terre-Mère. Cette union est célébrée dans la joie car elle se fait au moment où les forces célestes et solaires sont victorieuses, victoire qui permet le maintien de l’ordre cosmique et l’harmonie de la magie des cycles naturels. Les Dieux ouraniens donnent ainsi toute leur puissance au solstice d’été, raison pour laquelle il convient de remercier ces Dieux ouraniens, qui selon les traditions peuvent être nommés les Ases (Aesir de la tradition nordique), les Tuatha-Dé-Danann (tradition celte), les Olympiens (tradition gréco-romaine), ou encore les Deivas (tradition balte). 

    Les femmes du clan sont aussi celles qui sont chargées d’un autre aspect magique du solstice d’été, celui de la cueillette des plantes sacrées, plantes aux vertus médicinales et surnaturelles. Ceci a survécu partout en Europe avec les fameuses herbes de la Saint-Jean, « herbes » qui ont toutes des vertus de purification et de guérison. On y trouve entre autres le millepertuis, l’achillé millefeuille, la joubarbe, l’armoise, le lierre terrestre, la marguerite sauvage, ou encore la sauge. En cette nuit la plus courte, les plantes en général reçoivent une force toute particulière venue des forces célestes, leur sève « chante » d’une puissance inégalée durant le reste de l’année. Les cueillir au crépuscule ou à l’aube a bien-sûr son importance, car c’est à ce moment que la lumière ouranienne et l’obscurité chtonienne s’unissent dans une harmonie divine." (source)

    ***********************

    Le culte du soleil était encore pratiqué de manière détournée lors du feu de la Saint-Jean à l'Île de Sein et dans le Cap Sizun. Hyacinthe Le Carguet décrit cette coutume à la fin du XIXe siècle :

    « Le bûcher était entouré d'un cercle de neuf pierres, appelé Kelc'h an tân (le "Cercle du feu"). On l'allumait en neuf endroits différents, en commençant par l'Orient. Aussitôt que la flamme s'élevait, des jeunes gens armés de torches ou de tisons pris au bûcher, alternant avec des jeunes filles, les cheveux épars sur le dos, et tenant à la main une tige verte d'orpin (Sedum latifolium) défilaient processionnellement, devant le foyer, en faisant trois fois neuf tours. Les jeunes filles inclinaient, au-dessus du feu, les tiges qu'elles avaient à la main, tandis que les jeunes gens agitaient, au-dessus de ces tiges, leurs torches enflammées, en décrivant des séries de trois cercles. Le dernier des tours achevés, la procession s'arrêtait. Les jeunes gens franchissaient, en sautant, trois fois le foyer ; puis, s'emparant des jeunes filles, les balançaient neuf fois au-dessus du feu, en faisant l'invocation an nao !.. an nao !.. an nao !... Les jeunes gens se répandaient alors à travers la campagne, décrivant, avec leurs torches, des cercles de feu, en criant à tous les échos an nao !.. an nao !.. an nao !.. pour indiquer que le rite mystérieux était accompli. Les jeunes filles, au contraire, entraient chez elles, pour accrocher aux poutres les tiges qui avait été passées par le feu, et qui devaient, comme conséquence de ce fait, sans terre, sans eau, suspendues en l'air, croître, fleurir et fructifier.

    A l'île-de-Sein on allumait trois feux. La procession des torches se faisait au déchal de la mer, à l'extrémité Est de l'île, en inclinant toujours la flamme vers l'orient. Ces feux exerçaient une influence sur les éléments : ils ramenaient le calme sur la mer et dans l'air, pendant leur durée. (...) Ces cérémonies sont les restes du culte du soleil, ou la génération par le feu. 

    Le bûcher, tantad, le feu père, entouré d'un cercle de neuf pierres et s'allumant à l'est, du côté où le soleil se lève, c'est l'emblème de l'astre qui ranime la nature, donne le germe de la vie.

    La plante verte qui a reçu, par le feu, ce germe, est l'image de la terre, de la nature fécondée par le soleil.

    An nao, les neuf, c'est le nombre des mois que l'enfant est porté dans le sein de sa mère ; l'espace de temps que la graine, confiée à la terre, met à germer, croître et fructifier. C'est aussi le nombre des degrés qui constituent la famille indo-européenne, comme le nombre trois, indiquant celui des degrés de parenté en ligne directe, est la base de cette famille. » (source)


    1 commentaire
  • "Les premières traces de célébration en l'honneur des mères sont présentes dans la Grèce antique lors des cérémonies printanières en l'honneur de Rhéa (ou Cybèle), la grande mère des dieux et notamment mère de Zeus. Ce culte était célébré aux Ides de Mars dans toute l'Asie Mineure. Une fête religieuse romaine célébrait les matrones le 1er mars, lors des Matronalia (« matronales »)." (source)

    "Les Matronalia étaient célébrées le 1er mars (qui était le premier jour du printemps chez les Romains), et sont considérées aujourd'hui comme la « fête des mères latine » ; elles célébraient la naissance de Rome, le Printemps, les enfants et les mères. Cette fête des mères – dont le nom est tiré de matrona, mère de famille – est l’occasion pour elles, une fois reçus de leurs maris des cadeaux et de l’argent, de se rendre au temple de Juno Lucina (celle qui donne la lumière aux enfants, en leur donnant le jour), sur l’Esquilin, la tête couronnée de fleurs et les mains pleines de bouquets qu’elles offrent à la déesse. C’est aussi dans ce temple que tout père de famille, à la naissance d’un enfant, déposait une pièce de monnaie ; ce procédé permettait de compter les naissances !" (source)

    ************************

    "Fêtées le 1er Mars, les Matronalia - ou matronales feriae - célèbrent les Matrones (comme le nom l'indique), c'est-à-dire les mères de famille. Avant la réforme du calendrier par Jules César, le 1er Mars était le premier jour de l'année, et la première fête religieuse célèbre la figure de la mère, et donc la fécondité. 

    Plus être plus précise, on honore ce jour-là Junon Lucine (Juno Lucina - déesse de lumière), qui préside aux accouchements. A l'origine, le qualificatif dériverait du mot lucus (bois, forêt) : le plus ancien sanctuaire consacré à Junon Lucine s'élevait en effet près d'un bois sur l'Esquilin, et avait été fondé par le roi sabin Titus Tatius en 735 avant J.C. Mais l'adjectif fut bientôt rapproché du terme Lux (lumière) faisant de Junon Lucine la déesse veillant à la délivrance des parturientes, en aidant les futures mères à "donner le jour". Elle est souvent représentée voilée, portant un bébé et tenant généralement une fleur dans la main droite. 

    Représentation gallo-romaine de Junon Lucine. (Via oldbookillustrations.com)

     On ne sait pas grand-chose du rituel en lui-même, ni même de l'origine de la fête.  Dans ses "Fastes"Ovide établit un lien évident entre l'accouchement et l'arrivée du printemps et le renouveau de la nature, mais il tente aussi d'interroger le Dieu Mars et de comprendre pourquoi les Matronalia sont célébrées durant les Calendes du mois qui lui est dédié. Le Dieu de la guerre avance deux explications : la commémoration de la fondation du Temple de l'Esquilin consacré à Junon Lucine, et la paix entre les Romains et les Sabins après que les premiers ont enlevé les épouses et filles des seconds. Je rappelle brièvement qu'à l'instigation de Romulus, fondateur de Rome (et accessoirement fils de Mars), les Romains avaient enlevé les Sabines, et que celles-ci étaient finalement intervenues pour rétablir la paix entre leurs pères et leurs maris (Voir ici pour plus de détails), rendant possibles les unions grâce auxquelles elles allaient donner naissance aux futurs citoyens romains. 

    "Ajoute que, sur la colline où le roi de Rome montait la garde, et qui aujourd'hui porte le nom d'Esquilies, à cet endroit, mes brus latines élevèrent un temple à Junon, consacré officiellement ce jour-là, si j'ai bon souvenir. Pourquoi m'attarder et te surcharger l'esprit de causes diverses ?" (Ovide, "Les Fastes", III - 245.)

    La cérémonie en elle-même débute dans le bois sacré adjacent au Temple de Junon Lucine. Maris et femmes y déposent des couronnes de fleurs et adressent des prières pour la protection de leur union. Alors que l'usage veut qu'une femme ne se montre jamais en public les cheveux épars, les Romaines - et en particulier les femmes enceintes - les portent détachés ; elles doivent également prendre garde à ce qu'aucun nœud ou ceinture n'entrave leur tenue vestimentaire, afin que la Déesse puisse faciliter la venue d'un enfant. 

    "Apportez des fleurs à la déesse : elle se complaît dans les plantes écloses, cette déesse ; ceignez-vous la tête de fleurs délicates. Dites-lui : 'C'est toi, Lucina, qui nous as donné la lumière' ;   dites-lui : 'C'est à toi d'exaucer le vœu de la femme en couches !' Cependant, si une femme est enceinte, qu'elle dénoue ses cheveux et prie la déesse de la délivrer en douceur de ses couches." (Ovide, "Les Fastes", III - 253.)
    Matrone avec son fils. (Musées du Capitole - ©Ann Raia via vroma.org)
     
    La fête se poursuit ensuite dans le cadre privé, où l'on honore cette fois la mère de famille : elle reçoit des présents de son époux et de ses enfants, et on prie pour sa santé. En revanche, la maîtresse de maison est tenue de servir les esclaves, tout comme le pater familias le fait lors des Saturnales clôturant l'année. D'ailleurs, Martial désigne les Matronalia comme les "Saturnales des calendes de Mars." (Martial, "Épigrammes", V - 84 - 11.)

    Il faut bien noter que seules les femmes mariées sont concernées par les Matronalia - au contraire des célibataires et des femmes de mœurs légères (les prostituées, quoi !), à qui l'accès au Temple de Junon Lucine est normalement interdit ce jour-là. Toutefois, si elles contreviennent à cette interdiction, elles peuvent expier leur faute en sacrifiant un agneau à la Déesse. Cette exclusion est finalement logique puisque Junon Lucine, épouse du Dieu suprême Jupiter, est en fait la personnification de la matrone idéale dans son rôle le plus important - celui de mère de famille, chargée de fournir des héritiers à la gens et des citoyens à l’État romain. 

    Monnaie de Crispina Augusta (épouse de Commode) avec Junon Lucine au revers.

    Fête religieuse, les Matronalia ont d'ailleurs joué un certain rôle politique. Si elles durent en théorie une seule journée, elles s'étendent parfois sur toute une semaine dans le cadre privé. C'est en particulier le cas au début de l'Empire, où la célébration est mise en avant car elle correspond à la politique nataliste voulue par Auguste, qui promulgue une série de lois favorisant le mariage et les naissances, et sanctionnant ou réprimant les divorces et l'adultère. 

    Le Christianisme s'imposant dans l'Empire romain, l’Église tente de supprimer les cérémonies païennes, dont font partie les Matronalia. 

    "L'Esprit saint reproche aux Juifs leurs jours de fête: 'Mon âme, s'écrie-t-il, a en horreur vos sabbats, vos néoménies et vos solennités.' Et nous, pour qui n'existent plus ces sabbats, ces néoménies, ces solennités que Dieu chérissait autrefois néanmoins, nous assistons aux fêtes de Saturne, de Janus, du solstice d'hiver, de la grande matrone! nous échangeons des présents! nous donnons et recevons des étrennes! les jeux, les banquets retentissent pour nous!" (Tertullien, "De l’idolâtrie", XIV.)

    Mais les vieilles traditions subsistant, on décide au Moyen-Âge de décaler la fête au quatrième dimanche du Carême, afin d'honorer non plus la mère au sens strict du terme, mais notre Sainte-Mère l’Église. A cette date, chacun est tenu de retourner dans son village d'origine pour les cérémonies religieuses, et on en profite pour rendre visite à sa famille, et donc à sa mère... Je n'ai pas pu corroborer l'information, mais un site anglais affirme qu'à cette occasion, les Seigneurs permettent à leurs vassaux de cueillir des fleurs dans leurs jardins, et que ce geste serait à l'origine de la tradition qui veut que l'on offre des fleurs à sa maman le jour de sa fête ! Se non e vero, e ben trovato..."

    (source)


    votre commentaire
  • La mythologie romaine assimile les lémures aux âmes damnées d’hommes et de femmes ne pouvant trouver le repos car ils ont connu une mort tragique ou particulièrement violente. Ils viennent souvent hanter les demeures des vivants. Pour les mettre en fuite (car leur révocation n’est pas possible), le peuple romain célébrait la fête dite de Lémuria les 9, 11 et 13 mai. Des fèves noires étaient ainsi jetées par-dessus l’épaule gauche de chaque père de famille dans chaque foyer. Les croyances rapportent que les fèves représentent la nourriture des morts. Cette pratique vise à apaiser d'éventuelles apparitions pour épargner les vivants.

    Ensuite afin de précipiter leur déroute on frappait de grands vases d’airain toute la nuit durant.

    Pendant la célébration, les mariages étaient interdits et tous les temples étaient condamnés. (source)

    **************************

    Rappel de l’article sur la fête des morts.

    **************************

    « Vers le milieu de la nuit, quand le silence favorise le sommeil, quand les chiens et les divers oiseaux se sont tus, l’homme qui n’a pas oublié les anciens rites et qui craint les Dieux se lève. Ses deux pieds sont sans chaussures. Faisant claquer ses doigts réunis contre le milieu de son pouce, il se signale, pour éviter qu’une ombre légère, s’il marchait sans bruit, ne surgît devant lui. Trois fois, il se lave les mains dans l’eau d’une fontaine ; il se tourne et prend dans sa bouche des fèves noires qu’il crache ensuite derrière lui tout en disant : « Je jette ces fèves ! Par ces fèves je me rachète, moi et les miens ! » Il répète cette formule neuf fois, sans regarder derrière lui : on pense que l’ombre ramasse l’offrande et, invisible, le suit. De nouveau il touche l’eau, fait tinter un objet de bronze et prie l’ombre de sortir de sa maison. Par neuf fois, il dit encore : « Manes de mes pères, sortez ! » Alors seulement il se retourne, convaincu qu’il a correctement accompli les rites. » Ovide "Les Fastes"

    Les symboles : "Le « milieu de la nuit » est le moment traditionnel pendant lequel les revenants sont particulièrement hardis. Minuit représente un moment de vide entre les deux phases de transitio0n nocturne, c’est une porte qui s’ouvre sur l’infra monde.
    Les « pieds sans chaus0sures » font que l’homme est en contact symbolique direct avec la terre et les forces chthoniennes de l’infra monde.
    Lorsqu’il « fait claquer ses doigts », l’homme, non seulement se signale au revenant, mais il lui démontre aussi qu’en le dérangeant, il est maître de la situation. C’est un élément que l’on retrouve par exemple dans certains rites chamaniques et autres rites païens, où l’on cherche à faire du bruit dans le but d’exciter les Esprits ou la Divinité, leur démontrant ainsi qu’on est sur un pied d’égalité et non de crainte soumise.
    « Trois fois il se lave les mains dans l’eau d’une fontaine ». Beaucoup de symboles dans une si petite phrase… Le chiffre 3 est utilisé en magie rituelle afin d’activer un vœu, c’est lui qui permet que le souhait se réalise. Se « laver les mains » relève d’un rite de purification. L’eau est symbole de vie. La fontaine, tout comme la source, est symbole de pureté originelle.
    Les « fèves noires » sont pour les Romains un symbole de mort. Pline dit que la fève est employée dans le culte des morts car elle contient les âmes des morts. Les fèves, en tant que figurations des morts, appartiennent au groupe des charmes protecteurs, car on disait des revenants, qu’ils étaient friands de ces fèves.
    « Cracher » est un acte que l’on retrouve dans de nombreux rites. On transmet par là toute la force de sa propre énergie à l’acte rituel.
    En répétant une formule 9 fois, on termine un cycle pour en ouvrir un autre. Une phase se finit pour laisser place à une nouvelle vie. Dans ce contexte, on pourrait dire qu’on chasse la mort pour faire appel à la vie et à la renaissance.

    Nous pourrions nous demander ce que vient faire une fête des morts en plein milieu du printemps, période qui célèbre la vie renaissante et tout ce qui croît. On s’attendrait plutôt à voir une telle fête célébrée en automne, période cyclique traditionnellement rattachée à la mort. Le fait que les morts soient célébrés au printemps, relève d’un acte magico-religieux qui démontre symboliquement que la vie naît de la mort, et que ce dernier rite de purification cyclique permet de repousser une ultime fois les démons de l’hiver." (source)


    votre commentaire