• Il était une fois, et il n'était pas

    Ce qui pose problème avec l'histoire du père Noël, par exemple, c'est ce mensonge soigneusement orchestré par tous, famille et société. Nous farcissons la tête de nos enfants, et ce dès le plus jeune âge, d'où cette impression de traitrise et de perte immense une fois le pot aux roses découvert. Mais alors pourquoi avoir cette sensation avec cette histoire de père Noël et pas avec d'autres histoires ? L'homme, l'humain raconte des histoires, des contes, des légendes, depuis la nuit des temps ! pourquoi ce décalage ?  

    Parce que nous avons perdu en cours de route ce qui faisait sens. Parce que des formules d'entrée en matière existaient, et existent toujours, et ces formules permettaient à tout un chacun de prendre la mesure de ce qui était dit, mensonge et vérité : 

    "Il était une fois, et il n'était pas."

    "Je vais vous conter une fable. C'est un mensonge mais tout n'y est pas faux."

    "Au nom de Dieu je commence à mentir : j'ai vu une fourmi allaiter un lapin..." (note : celle-ci serait parfaite en guise d'introduction à l'histoire du père Noël)

    "Cette histoire est véridique, j'y étais et j'ai tout vu, comme disait mon grand-père aveugle."

     "Il était une fois où le peuplier donnait des poires et l'osier des griottes et on mangeait, ah, mon ami..."

    "Il était dans le temps les aveugles faisaient de la couture, le cul-de-jatte sautait les murs et les muets colportaient des nouvelles."

    "Du temps quand le lapin était frère de l'âne à cause de leurs longues oreilles ; et l'escargot épousait la vache, ils avaient tous les deux des cornes ; et la poule et le crocodile couvaient dans le même nid."

    Utiliser la crédulité des jeunes enfants permet certes de frapper d'un grand coup pour ce qui est de la prise de conscience, mais qu'en est-il pour la suite ? C'est le plus souvent une porte grande ouverte sur le boulevard de notre chère société de consommation. Certains boivent pour oublier, d'autres consomment, soit autant de formes de liquidité à absorber, mais ça ne désaltère jamais celui qui a une soif incommensurable de ce dont il a eu le goût à un moment donné, et qui a été détruit. 

    Des explications, une entrée en matière, des discussions, de longues veillées comme au temps jadis, permettaient d'éviter de tomber dans cet écueil. 

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